Un été sous surveillance, entre vigilance et pédagogie

Avec l’arrivée des fortes chaleurs, la crainte d’un été ravagé par les feux de forêt revient dans tous les esprits. En Isère, territoire de montagnes, de vallées boisées et de zones périurbaines sensibles, le danger est bien réel. Chaque année, des centaines de départs de feu sont recensés, parfois à quelques mètres des habitations. Face à ce risque croissant, la préfecture de l’Isère a lancé début juillet 2025 sa campagne estivale de prévention et de lutte contre les feux de forêts et d’espaces naturels, en partenariat avec le SDIS 38 et les collectivités locales. L’ambition est claire : renforcer la culture du risque auprès des habitants et mobiliser plus tôt les moyens opérationnels.

En 2022, le département avait déjà connu une saison intense avec plus de 2 400 interventions liées aux feux de végétation et 551 départs de feu recensés. Des chiffres qui n’épargnent aucun secteur : des contreforts du Vercors aux abords de La Côte-Saint-André, en passant par les collines du Grésivaudan et les zones boisées de Voiron ou de Saint-Marcellin.

Des pompiers mieux formés et une coordination anticipée

Pour faire face à ces menaces, les sapeurs-pompiers de l’Isère ont renforcé leurs dispositifs d'intervention. Fin juin, les unités spécialisées, dont le Détachement d’Intervention Héliporté (DIH), ont été formées sur des terrains escarpés dans les massifs du Trièves et du sud grenoblois. Ces entraînements intensifs permettent aux équipes de manœuvrer rapidement sur les feux de pente, souvent plus complexes à éteindre que les feux de plaine.

En parallèle, la cellule départementale de veille est désormais en alerte dès les premiers jours d’épisode caniculaire. Le pré-positionnement des moyens d’intervention, notamment dans les zones rurales à fort potentiel de départ (comme autour de Crémieu ou de Saint-Jean-de-Bournay), permet un gain de temps précieux en cas d’alerte. Les communes les plus à risque sont également invitées à activer leur Plan communal de sauvegarde (PCS), pour mieux coordonner la réponse locale en cas d’incendie menaçant les habitations.

Prévenir par les gestes simples : ce que chacun peut faire

Au-delà des interventions, la campagne 2025 mise fortement sur la responsabilisation individuelle. En effet, neuf feux sur dix sont d’origine humaine, souvent dus à des comportements imprudents. C’est pourquoi les autorités rappellent avec insistance une série de gestes de bon sens, désormais encadrés par des arrêtés préfectoraux, notamment dans le nord du département :

  • Interdiction de fumer ou d’allumer un feu dans les zones boisées ou à proximité des végétations sèches.

  • Débroussaillement obligatoire autour des habitations situées à moins de 200 mètres de la forêt, notamment dans les secteurs périurbains comme Seyssinet-Pariset ou Le Versoud.

  • Interdiction des barbecues ou feux festifs à l’orée des forêts, même dans les zones aménagées.

  • Surveillance renforcée des chantiers, pour éviter les étincelles accidentelles (meuleuses, moteurs thermiques, etc.).

  • Stationnement interdit dans les herbes hautes, les pots d’échappement chauds pouvant déclencher un départ de feu.

Le site du Département, les mairies et la préfecture mettent à disposition des brochures, affiches et cartes interactives pour sensibiliser les habitants et les touristes. Des panneaux “zone à risque incendie” sont progressivement installés en bord de sentier ou à l’entrée des massifs.

Un enjeu collectif à l’échelle du territoire

Cette campagne 2025 se veut plus ambitieuse que les précédentes : elle associe les services de l’État, les élus locaux, les forestiers, les agriculteurs, les randonneurs et les citoyens. Car en Isère, chacun a un rôle à jouer pour éviter que le feu ne transforme la nature en piège. Les communes comme Moirans, Saint-Égrève, Allevard ou Villard-de-Lans ont déjà engagé des actions de terrain : patrouilles de surveillance, formations de bénévoles, aménagement de pistes DFCI (Défense des forêts contre les incendies).

L’avenir du territoire dépend aussi de notre capacité à anticiper, à agir ensemble et à transmettre une culture du risque dès le plus jeune âge. Dans une Isère plus chaude, plus sèche, mais toujours plus peuplée, les forêts sont une richesse fragile. Les protéger, c’est aussi préserver un mode de vie, une biodiversité et un lien intime avec notre environnement.