Quand les sols se dérobent sous nos pieds

Le 24 mars 2025, un arrêté interministériel a officiellement reconnu l’état de catastrophe naturelle pour deux communes landaises : Saint-Martin-de-Seignanx et Saint-Pierre-du-Mont. À l’origine de cette décision : des mouvements de terrain survenus respectivement le 1er juillet 2024 et le 15 novembre 2023, provoqués par des conditions météorologiques particulièrement instables. Dans les deux cas, de fortes précipitations ont engorgé les sols jusqu’à saturation, favorisant des glissements ou des affaissements. Ces phénomènes, bien que discrets comparés aux inondations ou aux incendies, peuvent causer des dégâts considérables. Des fissures apparaissent dans les habitations, les routes se déforment, les canalisations souterraines se déplacent. Pour les riverains, ces incidents génèrent souvent un sentiment d’impuissance. C’est justement dans ces cas-là que la reconnaissance de l’état de catastrophe naturelle devient déterminante : elle ouvre la voie à une indemnisation spécifique, permettant aux sinistrés de lancer les réparations sans porter seuls le poids financier des dommages.

Une procédure encadrée mais méconnue

Concrètement, une fois l’arrêté publié au Journal officiel, les habitants touchés disposent de 30 jours pour transmettre leur déclaration de sinistre à leur compagnie d’assurance. Cette démarche est impérative pour que la prise en charge fonctionne dans le cadre du régime "catnat". Ce dispositif repose sur un principe de solidarité nationale : tous les assurés cotisent à un fonds spécifique, utilisé en cas de catastrophe naturelle avérée. Mais attention, la reconnaissance n’est pas automatique. C’est la commune qui en fait la demande à l’État, en apportant la preuve qu’un phénomène exceptionnel a bien eu lieu. Le dossier passe ensuite entre les mains d’experts, avant d’être validé (ou non) par les ministères compétents. Dans les Landes, comme ailleurs, cette procédure peut parfois susciter des incompréhensions, surtout quand des communes voisines, également touchées, ne reçoivent pas le même statut. D’où l’importance pour les élus locaux de bien documenter les événements et de sensibiliser leurs administrés à la démarche à suivre.

Un rappel utile des vulnérabilités locales

Ce nouvel épisode met une fois de plus en lumière la fragilité de certains territoires face aux aléas climatiques. Les Landes, département souvent associé aux incendies de forêt, sont aussi concernées par des risques plus discrets, comme les mouvements de terrain liés à des sols argileux ou hydromorphes. À cela s’ajoute l’impact du changement climatique, qui accentue la fréquence et la violence des épisodes pluvieux. Pour faire face à ces réalités, les communes sont encouragées à intégrer davantage de données géotechniques dans leurs projets d’aménagement, à renforcer leur Plan Communal de Sauvegarde, et à informer les habitants sur les bons réflexes à adopter. Quant aux habitants eux-mêmes, ils peuvent s’appuyer sur des documents comme les Plans de Prévention des Risques (PPR) pour mieux comprendre la nature du terrain sur lequel ils vivent. Car plus on connaît les risques autour de chez soi, mieux on peut s’y préparer – individuellement et collectivement.