Comprendre l’abrogation des PPRi

Depuis mai 2022, la préfecture de la Nièvre a officiellement abrogé plusieurs Plans de Prévention du Risque inondation (PPRi) concernant des secteurs traversés par les rivières du Beuvron, du Sauzay et de la Sainte-Eugénie. Cette décision concerne huit communes : Ouagne, Rix, Oisy, Trucy-l'Orgueilleux, Corvol-l'Orgueilleux, La Chapelle-Saint-André, Courcelles et Varzy. Mais qu’est-ce que cela signifie concrètement pour les habitants de ces territoires ?

Les PPRi sont des documents réglementaires mis en place par l’État pour encadrer l’aménagement des zones exposées aux inondations. Leur objectif : limiter les constructions dans les zones à risque, prévoir des mesures de protection, et informer les populations concernées. Lorsqu’un PPRi est abrogé, cela signifie que ces règles ne s’appliquent plus. Cela ne veut pas dire que le risque a disparu, mais que l’État considère, dans ces cas précis, que le document n’est plus adapté ou nécessaire dans sa forme actuelle. C’est une décision administrative, encadrée par la loi, mais qui ne doit pas être mal interprétée : le risque d’inondation peut toujours exister, même sans PPRi.

Pourquoi supprimer un plan de prévention ?

Abroger un PPRi peut répondre à plusieurs logiques. Dans certains cas, les données sur lesquelles reposait le plan sont devenues obsolètes : le cours d’eau a changé, de nouvelles infrastructures hydrauliques ont été mises en place, ou encore des erreurs ont été relevées dans la cartographie initiale. Il se peut aussi que les enjeux aient évolué : moins d’habitants exposés, moins de constructions sensibles, ou encore des plans locaux d’urbanisme qui ont intégré les contraintes hydrauliques autrement.

Dans le cas des communes de la Nièvre concernées, l’administration n’a pas détaillé précisément les raisons techniques de l’abrogation. Mais cette décision implique une réflexion plus large : quelle stratégie adopter désormais pour continuer à protéger les habitants face au risque d’inondation ? Car même si l'on supprime un document réglementaire, cela ne retire pas la responsabilité collective d’anticiper les crues. D’autant plus dans un département qui a connu plusieurs épisodes notables ces dernières décennies, avec des inondations ayant touché zones rurales comme zones urbaines.

Et maintenant, que faire en tant qu’habitant ?

La suppression d’un PPRi ne dispense pas de vigilance. Les mairies peuvent toujours mettre en œuvre d’autres outils pour gérer les risques : Plans Communaux de Sauvegarde (PCS), informations via les DICRIM (dossiers d’information communaux sur les risques majeurs), exercices de simulation, ou encore actions de sensibilisation dans les écoles. Les habitants peuvent également s’informer eux-mêmes : où se situent les zones basses de leur commune ? Leurs habitations sont-elles proches d’un cours d’eau ? Ont-ils déjà observé des crues lors de fortes pluies ?

Ce type de questionnement individuel est précieux. En comprenant mieux le fonctionnement de leur territoire, les habitants peuvent adapter leurs comportements : éviter de construire des annexes en zone inondable, placer les appareils électriques en hauteur, préparer un kit d’urgence, ou simplement suivre les alertes météo avec plus d’attention. En somme, l’abrogation des PPRi peut aussi devenir l’occasion de relancer localement une dynamique de prévention plus souple, mais tout aussi pertinente, en combinant outils réglementaires et bon sens collectif.