Des étés de plus en plus éprouvants

Le Tarn-et-Garonne n’échappe plus aux chaleurs extrêmes. Dans ce département du sud-ouest, réputé pour ses vergers et ses cultures maraîchères, la canicule n’est plus un phénomène rare. Chaque été ou presque, des pics de température dépassant les 40 °C s’invitent dans les plaines de Montauban, Castelsarrasin ou Moissac. La chaleur y reste parfois enfermée plusieurs jours, accablant les plus fragiles et mettant à rude épreuve les sols, les récoltes et les ressources en eau.

Le mois d’août 2023 en a encore été l’illustration frappante : plusieurs communes, dont Valence d’Agen et Lauzerte, ont enregistré des températures records autour de 41 °C, avec des nuits tropicales qui empêchent tout répit. Le département a été placé en vigilance orange canicule à plusieurs reprises par Météo-France, forçant les collectivités à activer leurs plans d’alerte et de solidarité, notamment pour les personnes âgées ou isolées.

Mais au-delà de la température, c’est la durée de ces épisodes, leur répétition et l’absence de précipitations qui inquiètent. La sécheresse s’installe de manière insidieuse, fragilisant les nappes phréatiques et asséchant les rivières comme l’Aveyron ou la Garonne. Les sols se fissurent, les cultures souffrent, et les restrictions d’eau deviennent une habitude estivale.

Des campagnes rurales aux villes : tout le monde touché

Le Tarn-et-Garonne est un département agricole. Et c’est précisément cette richesse qui rend la sécheresse aussi préoccupante. Dans le Quercy ou dans les coteaux autour de Montech, les maraîchers doivent adapter leurs méthodes, réduire l’irrigation ou différer les semis. En 2022, certains producteurs de melons et de pommes de Moissac ont vu leurs rendements chuter de moitié à cause du stress hydrique.

Les incendies de végétation en bord de route ou sur les friches ont aussi augmenté ces dernières années. À proximité de Caussade, en juillet 2022, un feu attisé par la sécheresse et les fortes températures avait mobilisé plusieurs dizaines de pompiers sur une trentaine d’hectares. Si ces incendies n’atteignent pas l’ampleur de ceux du sud-est, ils restent un risque grandissant dans un département aux paysages très secs en été.

À Montauban, le centre-ville surchauffé devient difficilement vivable dès la fin de matinée. Les collectivités ont mis en place des îlots de fraîcheur, comme des fontaines ou des espaces arborés, mais cela reste insuffisant face à la violence thermique qui s’installe durablement. Le programme de végétalisation urbaine entamé dans plusieurs communes reste encore marginal par rapport aux besoins.

Se protéger de la chaleur : des gestes simples, parfois vitaux

En période de canicule, il ne faut pas attendre d’avoir soif pour réagir. Les services de l’État, les mairies et les centres communaux d’action sociale (CCAS) rappellent chaque année les gestes à adopter :

  • Boire régulièrement, même sans avoir soif, et éviter l’alcool.
  • Fermer volets et fenêtres aux heures les plus chaudes, et aérer tôt le matin.
  • Passer plusieurs heures dans un lieu frais (bibliothèque, cinéma, centre commercial, etc.).
  • Se mouiller le corps plusieurs fois par jour.
  • Donner des nouvelles à ses proches et prendre des nouvelles des personnes fragiles.

Les communes tiennent un registre des personnes vulnérables, à contacter en cas d’alerte. Il est possible de s’y inscrire gratuitement. En milieu rural, il est aussi recommandé de surveiller les animaux domestiques, de protéger les réserves d’eau et de ne pas allumer de feu en extérieur, même pour un simple barbecue.

Vers un territoire plus résilient au réchauffement

Les cartes de vigilance Météo-France s’habituent à passer au rouge. Le Tarn-et-Garonne, comme beaucoup de départements du sud-ouest, doit désormais se préparer à vivre chaque été avec des périodes de fortes chaleurs. Ce n’est plus une exception, c’est une nouvelle normalité.

Pour anticiper, les communes investissent peu à peu dans l’aménagement du territoire : rénovation thermique des bâtiments publics, plantation d’arbres, adaptation des horaires de travail ou de classe. À Moissac ou Beaumont-de-Lomagne, des projets de réservoirs de substitution pour l’irrigation sont en cours, non sans débat, face à la baisse du débit des cours d’eau.

La résilience passe aussi par une culture partagée du risque : savoir repérer les signes d’un coup de chaleur, comprendre les enjeux d’un arrêté de restriction d’eau, et savoir comment adapter sa vie quotidienne pour traverser l’été en sécurité. Car face à la chaleur, c’est la vigilance et la solidarité qui sauvent.