Sous les épaisses forêts de Montmorency et de l’Hautil, et dans des communes comme Herblay-sur-Seine ou Montigny-lès-Cormeilles, repose un patrimoine souterrain fragile : d’immenses galeries creusées pour extraire le gypse, aujourd’hui abandonnées. Une situation qui génère un risque bien réel d’effondrements localisés, appelés fontis, et de tassements progressifs du sol.

Histoire et géologie du gypse

Le Val-d’Oise a longtemps été l’un des grands bassins d’extraction du gypse en France. Sous la forêt de Montmorency s’étend la plus vaste carrière souterraine de gypse du pays. Ce matériau, utilisé notamment pour produire du plâtre, provient de couches géologiques sédimentaires vieilles de plus de 30 millions d’années. Le gypse est soluble dans l’eau : lorsque des infiltrations prolongées surviennent, les galeries peuvent s’effondrer ou former des cavités instables sous la surface.

Des effondrements bien réels

Plusieurs incidents sont venus rappeler la fragilité de ces terrains. À Chanteloup-les-Vignes, en 1991, un adolescent a perdu la vie après avoir été happé par un effondrement brutal du sol. En 2000, à Triel-sur-Seine, un jardin résidentiel s’est subitement affaissé. D’autres événements, plus discrets, ont concerné des parcelles agricoles, des chemins forestiers ou des abords urbains. Ces situations sont le résultat de phénomènes lents, mais souvent imprévisibles, liés à la dissolution du gypse ou à l’effondrement d’anciennes galeries.

Des plans de prévention encadrés

Face à ces risques, des Plans de Prévention des Risques Naturels (PPRN) ont été mis en place dans plusieurs communes du Val-d’Oise, comme à Herblay-sur-Seine. Ces documents permettent d’identifier les zones les plus sensibles, d’y restreindre l’urbanisation ou d’imposer des études de sol préalables avant tout aménagement. Ils s’appuient sur des expertises géotechniques menées par des organismes spécialisés, et tiennent compte à la fois des anciennes carrières recensées et des zones où la dissolution du gypse est active.

Un zonage précis du sous-sol

Le département dispose aujourd’hui d’une cartographie fine des aléas : les zones d’anciennes carrières sont classées en fonction du niveau de danger, tandis que les secteurs à fort aléa de dissolution sont repérés selon les caractéristiques du sous-sol. Ces cartes servent de référence pour les projets d’urbanisme, mais aussi pour informer les habitants. Dans certaines zones, les nouvelles constructions sont interdites ; dans d’autres, des prescriptions techniques sont exigées pour garantir la stabilité des bâtiments.

Une mémoire à intégrer au territoire

Si l’exploitation du gypse a longtemps fait partie de l’histoire industrielle locale, ses traces souterraines pèsent encore sur le quotidien. Loin d’être un souvenir du passé, ces carrières posent aujourd’hui la question de la cohabitation entre mémoire industrielle et sécurité du territoire. Comprendre ce risque, c’est aussi redonner une place aux sous-sols dans les politiques publiques et dans la conscience collective. Cela suppose d’associer les collectivités, les habitants et les aménageurs pour construire des territoires plus sûrs, tout en gardant en mémoire ce que cachent les profondeurs du Val-d’Oise.