Un risque peu visible mais bien encadré

Dans l’imaginaire collectif, le département des Vosges évoque davantage les forêts paisibles, les stations thermales et les ballons vosgiens que les menaces nucléaires. Et pourtant, le risque nucléaire y figure bien parmi les risques technologiques identifiés dans le Document départemental des risques majeurs (DDRM). Certes, aucune centrale nucléaire n’est installée sur le territoire vosgien, mais sa proximité avec plusieurs installations classées Seveso seuil haut ou avec des centrales situées dans les départements limitrophes place les Vosges dans une logique de vigilance renforcée.

La centrale nucléaire la plus proche, celle de Fessenheim en Alsace, a été arrêtée définitivement en 2020, mais son démantèlement continue de susciter une attention particulière, notamment pour les communes vosgiennes de l’est comme Saint-Dié-des-Vosges ou Raon-l'Étape. D'autres installations nucléaires situées à plus de 100 kilomètres — comme la centrale de Cattenom en Moselle ou celle de Bugey dans l'Ain — peuvent aussi, dans certaines conditions extrêmes, être à l’origine d’un risque transfrontalier en cas d'accident majeur.

Des transports de matières radioactives sous surveillance

Le risque nucléaire dans les Vosges est principalement lié au transport de matières radioactives. Ce trafic, régulier mais discret, suit des itinéraires ferroviaires ou routiers traversant des communes comme Épinal, Neufchâteau ou Mirecourt. Il peut s’agir de combustibles usés acheminés vers La Hague, de déchets médicaux ou de matières destinées à des usages industriels.

Pour encadrer ces flux, l’État s’appuie sur des plans spécialisés : le plan particulier d’intervention (PPI) lorsqu’une installation est concernée, mais surtout des plans ORSEC matières dangereuses pour gérer tout accident de transport. En cas d’accident impliquant un convoi radioactif, des mesures strictes sont prévues : périmètre de sécurité, intervention des équipes spécialisées, information de la population et, si nécessaire, mise à l’abri ou évacuation.

Informer la population et maintenir la mémoire du risque

Dans les Vosges, le risque nucléaire reste peu visible au quotidien, mais il fait l’objet d’une surveillance continue de la part de la préfecture et des services de secours. Le DDRM est mis à disposition du public pour mieux comprendre ces enjeux, et certaines communes disposent de documents d’information communaux sur les risques majeurs (DICRIM), comme à Remiremont ou Charmes, où les axes de transport sont plus fréquentés.

Le défi est d’autant plus grand que le risque paraît abstrait. Il ne s’agit pas de créer une peur diffuse, mais d’enraciner une culture du risque, même dans un territoire non directement exposé à une centrale. Les établissements scolaires peuvent jouer un rôle, tout comme les collectivités, en intégrant ce type de risque dans leurs plans communaux de sauvegarde.

Un territoire concerné indirectement, mais pas passif

Les Vosges ne sont ni un épicentre nucléaire ni un territoire d’alerte permanente. Pourtant, leur position géographique et les flux qui les traversent justifient une préparation encadrée. Le département se trouve à l’interface de territoires plus exposés, ce qui en fait une zone de vigilance intermédiaire. Cette situation doit inciter à renforcer la connaissance citoyenne du risque, à travers des campagnes régulières d’information, des exercices de simulation, ou l’utilisation d’outils numériques de prévention.

Le risque nucléaire dans les Vosges, bien que discret, existe. S’y préparer, c’est reconnaître que même les territoires en apparence à l’écart peuvent être concernés. C’est aussi une manière d’honorer le principe de précaution et de mieux se protéger collectivement.