Imaginez une grande retenue d’eau qui lâche : l’onde se propage, s’engouffre dans la vallée, les sensibilités se réveillent. Ce scénario se joue parfois dans le département de la Charente, non pas dans l’urgence d’une catastrophe imminente mais dans la vigilance d’un territoire bien identifié. Cet article propose d’explorer comment le risque de rupture de barrage est appréhendé ici, avec ses chiffres, ses repères, ses enjeux, sans dramatisation, pour mieux comprendre.

Comprendre le phénomène

La rupture d’un barrage signifie la destruction totale ou partielle d’un ouvrage de retenue d’eau ; elle entraîne une onde de submersion qui peut toucher les zones situées en aval.  Dans la Charente, ce risque est reconnu : les cartes officielles listent les zones susceptibles d’être concernées.

Quelques repères chiffrés

Dans le document départemental, on apprend que deux barrages sont recensés dans la Charente pour ce type d’aléa. De plus, l’ouvrage de la retenue du Lac de Lavaud (sur la Charente limousine) concerne 45 communes de la vallée, en situation d’aval potentiel. Autre point : une simulation réalisée en 2019 pour l’ouvrage du Lac du Mas Chaban estimait une vague de douze mètres pouvant mettre en mouvement 3 000 personnes évacuées si l’ouvrage venait à céder.

Où et comment ce risque se manifeste-t-il

Prenons l’exemple du barrage du Mas Chaban : en décembre 2019, les autorités ont mis en place un exercice de rupture hypothétique ; l’onde de submersion descendrait jusqu’à l’agglomération d’Angoulême en 26 heures. Grâce à ce type d’exercice, les procédures d’alerte, d’évacuation et de fermeture d’axes routiers sont testées. Ce risque n’est pas hors norme ici : il est inscrit dans les plans de prévention et le document officiel – le Dossier Départemental sur les Risques Majeurs (DDRM) date de 2022 pour la Charente.

Qui est concerné ?

Les communes situées en aval des barrages identifiés peuvent être exposées : par exemple « en aval du barrage du Mas Chaban, un ouvrage de classe A », figurent des communes comme Lésignac‑Durand ou Saint‑Quentin‑sur‑Charente. Pour ces territoires, l’onde de submersion potentielle fait partie des scénarios étudiés.

Que retient-on aujourd’hui ?

  • Il ne s’agit pas d’un risque abstrait : des barrages sont identifiés, des zones cartographiées, des simulations réalisées.

  • Les instruments existent : sirènes, cartographies, plans d’évacuation évoqués dans les documents.

  • Comme tout risque lié à l’eau, il est dépendant de la pluviométrie, du niveau des retenues, de la topographie et de l’amont aval.

  • Ce n’est pas le plus fréquent des aléas mais, pour les communes concernées, c’est un élément de vigilance inscrit dans la stratégie de préparation.

Ouvert sur demain

Le paysage des barrages et des retenues évolue : les phénomènes climatiques, les besoins en gestion de l’eau, l’entretien des ouvrages, tout cela vient bousculer les marges. Que cela signifie-t-il pour les années à venir ? Cela suppose de rester attentif aux informations, d’intégrer ce type de scénario dans les réflexes collectifs et individuels, et de prendre en compte que, si tout fonctionne normalement, le système est robuste — mais que la vigilance reste une composante essentielle de la vie dans ces vallées.