Le département des Deux-Sèvres est exposé à plusieurs types de mouvements de terrain, allant des affaissements liés aux cavités souterraines aux glissements de terrain en période de fortes pluies. Si l’érosion littorale ne concerne pas ce territoire, d’autres phénomènes, parfois spectaculaires, peuvent causer des dégâts sur les infrastructures et les habitations. Comprendre ces risques et adopter les bonnes pratiques permet de limiter leur impact et d’améliorer la résilience des communes concernées.
Le retrait-gonflement des sols argileux : un risque sous-estimé
Le phénomène de retrait-gonflement des sols argileux est lié aux variations de teneur en eau des terrains. En hiver, ces sols absorbent l’humidité et gonflent ; en été, avec la sécheresse, ils se rétractent. Ces changements peuvent entraîner des fissures dans les murs, des déformations des portes et fenêtres, voire des ruptures de canalisations souterraines.
Le département des Deux-Sèvres est particulièrement concerné par ce phénomène, avec près de 50 % du territoire exposé et plus de la moitié des communes reconnues en catastrophe naturelle au moins une fois depuis 1981. En 2017, 90 communes ont été classées en état de catastrophe naturelle à cause de ce phénomène.
Les maisons individuelles, surtout celles avec des fondations peu profondes, sont les plus vulnérables. Pourtant, des solutions existent : avant toute construction, une étude de sol par un spécialiste en géotechnique permet d’adapter les fondations et d’éviter les désordres structurels.
Les affaissements et effondrements : une menace cachée sous nos pieds
Les affaissements et effondrements sont souvent liés à la présence de cavités souterraines, qu’elles soient naturelles ou issues d’anciennes exploitations minières et de carrières. Ces cavités, parfois oubliées, peuvent s’effondrer avec le temps, créant des dépressions en surface et menaçant les constructions situées au-dessus.
Certaines communes du département ont connu des épisodes marquants :
- Tourtenay : L’exploitation du tuffeau (calcaire crayeux) depuis le XIIᵉ siècle a laissé un réseau complexe de carrières souterraines. Un travail d’inventaire mené entre 1998 et 2006 a recensé 110 cavités, dont certaines ont nécessité des travaux de comblement et de renforcement pour protéger les bâtiments et les voiries.
- Saint-Pardoux : En 2011, une cavité de plus de 10 m² s’est révélée sous une habitation, menaçant sa stabilité. Une étude a été réalisée pour définir les mesures de sauvegarde.
- Niort : Des cavités sont régulièrement découvertes lors de travaux de voirie, comme ce fut le cas entre 2012 et 2019 sur plusieurs sites de la ville. Il s’agissait souvent d’anciennes carrières de pierres exploitées autrefois et dont la stabilité n’était plus assurée.
- Celles-sur-Belle : Un affaissement de voirie en 1992 a révélé une excavation de 35 m³, nécessitant des interventions d’urgence pour éviter une aggravation du phénomène.
Les glissements de terrain et les coulées boueuses : quand la terre se met en mouvement
Lors de périodes de fortes pluies, les sols saturés en eau deviennent instables, ce qui peut provoquer des glissements de terrain ou des coulées boueuses. Ces phénomènes, bien que plus rares en Deux-Sèvres, ont déjà donné lieu à des arrêtés de catastrophe naturelle.
Un exemple marquant a eu lieu à Thouars en 2013. Après des précipitations abondantes, un mouvement de terrain majeur a provoqué l’effondrement d’un mur de soutènement, menaçant une maison adjacente. L’expertise réalisée a mis en évidence la poussée excessive des terres due à l’accumulation d’eau.
Prévenir plutôt que subir
Face à ces risques, plusieurs actions permettent d’améliorer la sécurité des habitants et des infrastructures :
- Cartographie et surveillance : Des inventaires des cavités et des cartes des zones à risque permettent d’anticiper les dangers et d’adapter les aménagements.
- Adaptation des constructions : Une étude de sol avant toute construction peut éviter de nombreux désagréments. Pour les zones à fort risque d’affaissement, des techniques de renforcement des sols peuvent être mises en place.
- Gestion des eaux pluviales : Limiter l’imperméabilisation des sols et aménager des dispositifs de drainage permet de réduire le risque d’érosion et de glissement de terrain.
- Entretien des falaises et talus : Dans certaines zones, des travaux de consolidation sont nécessaires pour éviter des chutes de pierres et des éboulements.
Mieux connaître pour mieux agir
Les mouvements de terrain en Deux-Sèvres sont une réalité qu’il ne faut pas ignorer. Entre retrait-gonflement des sols, affaissements et glissements de terrain, les risques sont variés et parfois invisibles à l’œil nu. Pourtant, grâce aux études menées et aux dispositifs de prévention, il est possible de limiter les dégâts et d’assurer la sécurité des habitants.
Comprendre ces phénomènes, intégrer ces risques dans l’aménagement du territoire et sensibiliser les citoyens sont des leviers essentiels pour mieux vivre avec ces contraintes naturelles.