Enclavé au cœur de la forêt équatoriale guyanaise, le barrage de Petit-Saut, mis en service en 1994, est une infrastructure stratégique pour l’énergie en Guyane. En fournissant entre 50 et 60 % des besoins électriques du territoire, cet ouvrage monumental, situé à 40 km de Sinnamary, incarne à la fois un exploit technologique et un défi en matière de gestion des risques. Mais quels sont ces risques, et comment s’en prémunit-on ?

Une infrastructure à risques maîtrisés

Le barrage de Petit-Saut est ce que l’on appelle un « grand barrage ». Avec son réservoir de 15 millions de m³ et sa hauteur de 20 mètres, il répond aux critères d’une surveillance stricte sous l’égide des pouvoirs publics et d’EDF, son exploitant. Un plan particulier d’intervention (PPI) est donc en place pour prévenir tout incident et protéger les populations en aval.

Heureusement, certains risques, comme le risque sismique, sont quasiment inexistants grâce à la stabilité géologique du site. Les études montrent que le barrage peut résister à des secousses plus fortes que celles enregistrées lors du séisme de 2006. Quant aux risques d’effondrement de terrain ou de glissements dans le réservoir, ils sont également jugés très faibles.

Les enjeux des crues exceptionnelles

Le principal défi concerne les crues extrêmes. En cas de dépassement des capacités d’évacuation du barrage, une alerte serait immédiatement déclenchée. Une rupture totale ou partielle, bien que peu probable, aurait des conséquences graves pour la commune de Sinnamary, située à 40 km en aval. Les données indiquent qu’il faudrait environ cinq heures pour que l’onde de submersion atteigne cette zone, donnant un temps limité mais précieux pour organiser une évacuation.

Un plan de protection efficace

Le PPI du barrage vise à garantir la sécurité des populations et des biens. Ce plan coordonne les actions des autorités, des secours et de l’exploitant. La météorologie joue un rôle central en fournissant des prévisions permettant d’anticiper les crues. En cas d’urgence, la rapidité d’action devient le maître-mot : chaque minute compte pour alerter et évacuer les habitants.

Des zones spécifiques ont été identifiées pour mieux évaluer les impacts potentiels. La Zone de Proximité Immédiate (ZPI), à moins de 7 km du barrage, ne compte aucune présence humaine permanente. Cependant, la Zone d’Inondation Spécifique (ZIS), qui s’étend jusqu’à l’embouchure du Sinnamary, comprend des zones habitées comme le bourg de Sinnamary, nécessitant des mesures précises d’évacuation.

Pourquoi en parler ?

Même si les ruptures de grands barrages sont rares – une fois pour 10 000 barrages par an en moyenne –, leur impact peut être colossal. Chaque exercice d’évacuation, chaque simulation vise à limiter les conséquences humaines et matérielles d’un éventuel incident. Informer les populations locales sur les risques et les conduites à tenir est un gage de résilience collective.

Le barrage de Petit-Saut est un exemple concret des défis liés à la gestion des infrastructures critiques en milieu naturel. Tout en contribuant à l’autonomie énergétique de la Guyane, il rappelle que le développement doit toujours aller de pair avec la prévention.

Une leçon à retenir

Dans un monde en proie à des phénomènes climatiques de plus en plus imprévisibles, la culture du risque devient une nécessité. Connaître les mécanismes de protection, comme le PPI, c’est se donner les moyens d’agir et de sauver des vies. Le barrage de Petit-Saut, par son rôle vital pour la Guyane, incarne parfaitement cette leçon : anticiper pour mieux protéger.

Source: PPI Petit Saut Janvier 2016