La Haute-Savoie est surtout connue pour ses montagnes et ses lacs, mais c’est aussi un département marqué par une forte présence industrielle. L’histoire du territoire a façonné un tissu dense d’usines et d’ateliers, en particulier dans la vallée de l’Arve, où l’usinage de précision et la mécanique de haute valeur ajoutée occupent une place majeure. À cela s’ajoutent des sites classés « Seveso » soumis à une réglementation stricte, ainsi que des installations de stockage ou de traitement de produits chimiques. Ce maillage industriel, qui contribue fortement à l’économie locale, place aussi le département face à des risques potentiels : accidents liés aux substances dangereuses, rejets accidentels, incendies ou explosions. C’est pourquoi la Haute-Savoie figure dans les documents officiels parmi les départements devant anticiper et informer la population sur l’aléa industriel.

Mémoire marquée

La mémoire collective garde la trace de plusieurs accidents ou incidents industriels. Dans la vallée de l’Arve, des épisodes de pollution atmosphérique liés aux activités industrielles et au chauffage ont conduit à de fortes préoccupations sanitaires ces dernières années. Plus localement, des incendies dans des ateliers ou dépôts de produits chimiques ont mobilisé les secours, comme à Thonon-les-Bains ou à Cluses, rappelant la vulnérabilité des zones urbaines proches des installations. Les archives préfectorales rappellent aussi l’existence de sites Seveso seuil haut dans le département, ce qui impose des plans particuliers d’intervention (PPI) pour organiser la réponse en cas d’accident majeur.

Communes et zones concernées

La vallée de l’Arve concentre une grande partie des activités à risque, autour de Sallanches, Cluses, Scionzier et Bonneville. Sur le bassin genevois, Annemasse et Thonon-les-Bains abritent également des sites classés soumis à la réglementation Seveso. À Rumilly et dans le Chablais, la présence de zones industrielles impose aussi une vigilance. Chaque commune concernée dispose de documents d’information communaux (DICRIM) qui rappellent les risques identifiés et les consignes à suivre. Cette répartition montre que le risque industriel, bien que localisé, touche à la fois les vallées industrielles, les zones frontalières et des secteurs proches de grands bassins de population.

Consignes de sécurité en cas d’accident industriel

Les consignes officielles, diffusées par la préfecture et les mairies, sont claires et simples :

  • rejoindre sans délai un bâtiment solide et s’y confiner ;
  • fermer portes, fenêtres et systèmes de ventilation pour éviter l’entrée de fumées ou gaz toxiques ;
  • écouter la radio locale ou suivre les consignes officielles en ligne pour connaître l’évolution de la situation ;
  • ne pas téléphoner inutilement afin de laisser libres les réseaux pour les urgences ;
  • éviter de se déplacer pour ne pas gêner l’action des secours ;
  • respecter les consignes spécifiques si une évacuation est décidée par les autorités.

Ces gestes, testés lors d’exercices réguliers, visent à réduire le risque d’exposition et à garantir la sécurité de la population en attendant la fin de l’alerte.

Culture partagée du risque industriel

La Haute-Savoie a renforcé sa prévention depuis plusieurs années : diffusion de plaquettes d’information, exercices de sécurité civile, mise en ligne de cartes interactives des risques et implication des entreprises dans la sécurité. Le souvenir des incidents passés et la présence de sites sensibles alimentent une vigilance constante. Au-delà des obligations réglementaires, c’est bien une culture de la prévention et du réflexe citoyen qui s’installe progressivement, afin que les habitants, qu’ils vivent en vallée industrielle ou dans les zones urbaines, sachent quoi faire si une alerte survient. Dans un territoire où l’image de carte postale peut faire oublier la réalité des risques, cette culture est un atout précieux.