Un risque moins visible, mais bien réel

Dans le département de l’Indre, on parle souvent des inondations, parfois des feux de forêt, mais bien plus rarement des mouvements de terrain. Et pourtant, ce risque géologique fait partie intégrante du paysage local. Affaissements, glissements, effondrements ou coulées boueuses peuvent survenir en plusieurs points du territoire, avec des conséquences sérieuses sur les habitations, les routes ou les réseaux. Ce danger invisible à l’œil nu peut être déclenché par des événements météorologiques, des facteurs géologiques ou même certaines activités humaines. Il reste donc discret, mais pas anodin.

Des sols fragiles et des cavités à surveiller

L’Indre est l’un des départements français touchés par le phénomène dit de « retrait-gonflement des argiles », un mouvement naturel du sol en fonction de l’humidité. Lors de longues périodes de sécheresse, le sol argileux se rétracte, puis gonfle de nouveau à la saison des pluies, créant des fissures dans les murs ou les fondations des maisons. Ce phénomène concerne particulièrement les communes situées autour de Châteauroux, Levroux ou Villedieu-sur-Indre, où des dégâts ont été recensés après les épisodes secs des dernières années.

Autre point de vigilance : les cavités souterraines. D’anciennes carrières ou galeries, parfois oubliées, peuvent provoquer des effondrements de terrain, notamment dans des communes comme Issoudun ou Argenton-sur-Creuse. En 2021, un affaissement a même été signalé près de la rue de la République à La Châtre, mobilisant les services techniques pour sécuriser la zone. Ces vides souterrains, s’ils ne sont pas connus, représentent un risque d’autant plus important pour les zones habitées ou les infrastructures routières.

Des épisodes soudains et localisés

Si les mouvements de terrain dans l’Indre ne sont pas toujours spectaculaires, ils n’en restent pas moins imprévisibles. En 2016, un petit glissement de terrain avait causé la fermeture temporaire d’un tronçon de la D925, au niveau de Bouesse, après de fortes pluies. Ce type de phénomène reste rare, mais il peut se produire sur des versants humides ou instables, notamment dans les vallées encaissées de la Creuse ou de l’Indre.

Les talus routiers sont aussi sensibles, surtout dans les zones où la végétation a été réduite ou où des travaux modifient l’écoulement des eaux. L’intercommunalité de Val de l’Indre-Brenne a d’ailleurs lancé plusieurs campagnes de surveillance depuis 2020 sur ses berges et remblais routiers.

Cartographier, prévenir et alerter

Le Plan de Prévention des Risques Mouvements de Terrain (PPRMT) reste pour l’instant peu déployé dans le département, mais la DDT de l’Indre propose des cartographies actualisées des zones à risques. L’atlas des cavités souterraines est également consultable en ligne, notamment pour les communes concernées par des carrières anciennes. Des documents d’urbanisme intègrent parfois ces données pour éviter de construire en zones sensibles.

Enfin, plusieurs communes comme Le Blanc ou Saint-Gaultier ont lancé des actions de sensibilisation, en lien avec les services de l’État, pour mieux informer les habitants sur les signes avant-coureurs (fissures, affaissements, stagnation d’eau) et les démarches à suivre en cas de doute.

Le risque de mouvement de terrain dans l’Indre reste souvent mal connu du grand public. Et pourtant, il s’inscrit dans une dynamique ancienne : carrières creusées au fil des siècles, urbanisation sur des sols instables, impacts du climat qui se fait plus sec ou plus extrême. Pour anticiper ces risques, la mémoire locale et les récits des anciens peuvent être aussi précieux que les outils techniques. À l’avenir, intégrer cette vigilance dans l’aménagement du territoire pourrait éviter bien des surprises… en surface comme en profondeur.