Une rivière qui peut devenir torrent

Le département de la Loire, traversé par le fleuve du même nom mais aussi par la Loire amont, le Furan, le Gier ou le Lignon, vit avec une réalité discrète mais bien présente : le risque d’inondation. Si l’on pense d’abord aux grandes plaines du Rhône ou de la Saône en matière de crues, la Loire n’est pas en reste. Le relief accidenté, les vallées encaissées et les fortes précipitations de certains hivers peuvent transformer un paisible ruisseau en une masse d’eau destructrice en quelques heures.

La vallée du Gier, entre Rive-de-Gier et Givors, a ainsi été le théâtre de plusieurs crues historiques. Celle de mai 1983 a marqué les mémoires : après des pluies diluviennes, le Gier est sorti de son lit, causant de lourds dégâts aux infrastructures ferroviaires et à de nombreuses habitations. Plus récemment, en juin 2016, des débordements du Furan ont provoqué des inondations dans plusieurs quartiers de Saint-Étienne, forçant les secours à intervenir pour évacuer des caves et sécuriser les bâtiments les plus exposés.

La Loire elle-même, dans sa partie amont, peut connaître des crues rapides, notamment dans le Forez et le Roannais. En janvier 2018, la ville de Feurs a été confrontée à une montée brutale des eaux, touchant plusieurs habitations en zone inondable. Les épisodes pluvieux intenses sur les Monts du Forez ou du Pilat font partie des facteurs aggravants, notamment lorsqu’ils s’accompagnent d’un sol déjà saturé.

Des zones vulnérables sous surveillance renforcée

Saint-Étienne est l’une des villes les plus surveillées du département. Située sur les hauteurs, elle n’est pas directement menacée par la Loire, mais les crues du Furan, du Janon ou de ses affluents causent régulièrement des débordements. Les zones comme Terrenoire ou La Rivière ont déjà connu des épisodes d’inondation localisée.

En aval, la ville de Roanne, proche de la Loire, reste très attentive aux variations du fleuve, surtout en hiver. Des digues et des systèmes de régulation permettent de limiter les débordements, mais certains quartiers bas sont toujours considérés comme à risque, notamment lors de fortes pluies prolongées.

La vallée du Gier, très urbanisée, constitue un autre point sensible. La présence de zones industrielles, d’habitations denses et de voies ferrées complexifie la gestion du risque. Le Plan de Prévention des Risques d’Inondation (PPRI) y est en vigueur, limitant les constructions et imposant des normes d’aménagement strictes.

D'autres communes comme Montbrison, Andrézieux-Bouthéon ou Boën-sur-Lignon disposent de cartographies précises des zones à risque et participent régulièrement à des exercices de gestion de crise avec la préfecture.

Comment se protéger avant et pendant une inondation

Le département de la Loire diffuse régulièrement des consignes de sécurité, notamment en cas d’alerte météo. Voici les principales recommandations à suivre :

  • En cas de vigilance orange ou rouge inondation, ne pas descendre dans les sous-sols ou les parkings souterrains.
  • Éloigner les véhicules des zones basses ou proches des cours d’eau.
  • Couper l’électricité en cas de début d’inondation.
  • Monter les objets de valeur ou sensibles (documents, produits dangereux) en hauteur.
  • Ne pas s’engager à pied ou en voiture sur une route inondée, même si elle paraît praticable.
  • Suivre les consignes diffusées sur les radios locales, les réseaux sociaux des mairies ou des services d’alerte type FR-Alert ou AlerteCata.

Après l’épisode, il est recommandé d’attendre les autorisations de retour dans les zones sinistrées, de ne pas consommer l’eau sans vérification et de déclarer les dommages à son assurance dans un délai de 5 jours maximum.

Une mémoire locale qui devient outil de prévention

La Loire n’est pas un département classé parmi les plus exposés à l’échelle nationale, mais les impacts des crues passées montrent que la vigilance reste de mise. Les collectivités locales investissent dans la prévention : aménagements de berges, bassins de rétention, travaux de canalisation, campagnes de sensibilisation dans les écoles. À Saint-Chamond ou Riorges, les habitants sont de plus en plus associés aux démarches de plan communal de sauvegarde.

La mémoire des crues est aussi un levier de transmission. À Feurs ou à La Talaudière, des panneaux rappellent les hauteurs atteintes lors des grandes inondations passées, une manière d’inscrire la vigilance dans le paysage quotidien. Car face à l’eau qui déborde, c’est souvent la réactivité individuelle, couplée à une bonne organisation collective, qui fait la différence.