Un territoire sans centrale, mais pas sans vigilance

À première vue, le Lot-et-Garonne semble bien loin des préoccupations liées au nucléaire. Aucun réacteur, aucun site d’entreposage de déchets radioactifs, ni aucune installation classée nucléaire ne sont implantés dans ce département du Sud-Ouest. Pourtant, le risque nucléaire figure bel et bien dans le Document Départemental des Risques Majeurs (DDRM). Ce paradoxe s’explique par la proximité de certaines installations régionales et par le transit régulier de matières radioactives sur les axes ferroviaires et routiers du département.

La centrale nucléaire la plus proche est celle de Golfech, située dans le département voisin du Tarn-et-Garonne, à environ 30 kilomètres d’Agen. Cette centrale, en activité depuis les années 1990, comporte deux réacteurs à eau pressurisée. En cas d’accident grave, un panache radioactif pourrait concerner plusieurs communes du nord-est du Lot-et-Garonne, notamment celles situées en bordure de Garonne comme Lamagistère, Saint-Nicolas-de-la-Balerme ou encore Colayrac-Saint-Cirq.

Des transports radioactifs sous haute surveillance

Au-delà de cette proximité géographique, le risque nucléaire se manifeste aussi de manière plus discrète : par le transport de matières radioactives. Ces convois, utilisés notamment dans les domaines médical, industriel ou énergétique, empruntent régulièrement les voies ferrées ou les grands axes routiers traversant le Lot-et-Garonne.

La RN21 et l’A62 sont deux routes particulièrement concernées, reliant Agen à Villeneuve-sur-Lot, Marmande ou Nérac. Le train peut également constituer un vecteur de transit de matières radioactives entre les installations nucléaires régionales et les grands centres de retraitement. En cas d’accident impliquant un véhicule transportant ces substances, un dispositif ORSEC spécifique serait activé, coordonné par la préfecture, avec mise en place d’un périmètre de sécurité, d'une évaluation radiologique et, si besoin, d’un confinement temporaire des riverains.

Préparer la population, un enjeu local et concret

Dans les communes les plus proches de la centrale de Golfech, des mesures de prévention ont été mises en place. Par exemple, les habitants de certaines zones de l’est du département — comme Saint-Sixte ou Clermont-Soubiran — peuvent recevoir des pastilles d’iode stable, distribuées dans le cadre du plan particulier d’intervention (PPI). Ce plan, activé uniquement en cas d’incident, prévoit également l’organisation de l’évacuation, la mise à l’abri, la gestion du trafic et l’information de la population.

Mais au-delà de ce périmètre restreint, le département a pour mission de développer une culture du risque sur l’ensemble du territoire. Des communes comme Agen, Marmande ou Villeneuve-sur-Lot ont intégré ces risques dans leur document d’information communal sur les risques majeurs (DICRIM), même si le nucléaire n’est pas le plus immédiat. L’objectif est de sensibiliser les citoyens à tous les types de risques technologiques, et de rappeler que l’absence de centrale ne signifie pas l’absence totale de menace.

Un risque lointain mais réel, à ne pas négliger

Le risque nucléaire dans le Lot-et-Garonne n’est ni quotidien ni direct. Il ne doit pas provoquer de crainte exagérée, mais il mérite d’être connu et compris. Le simple fait d’habiter à quelques dizaines de kilomètres d’un site comme Golfech implique une vigilance partagée. À l’heure où les catastrophes industrielles majeures, même rares, peuvent avoir des effets à grande échelle, la connaissance de ces dispositifs de protection devient un enjeu citoyen.

Ainsi, même dans un département sans centrale, les plans d’urgence, les documents d’information et les simulations d’alerte ont toute leur place. C’est dans les périodes calmes que se construit une culture du risque efficace, capable de faire face sans panique le jour où elle sera peut-être nécessaire.