Le département du Rhône, avec l’agglomération lyonnaise en son cœur, est l’un des territoires français les plus suivis en matière de qualité de l’air. L’urbanisation dense, la circulation routière intense, l’activité industrielle et la topographie de la vallée du Rhône favorisent l’accumulation des polluants. Les épisodes de pollution concernent particulièrement l’agglomération de Lyon, Villeurbanne, Vénissieux, mais touchent aussi le Beaujolais et la vallée de la Saône. L’organisme Atmo Auvergne-Rhône-Alpes surveille quotidiennement les concentrations de particules fines (PM10, PM2,5), d’ozone (O₃), de dioxyde d’azote (NO₂) et d’autres polluants. Ces données alimentent le système national Atmo-France et servent à déclencher des alertes préfectorales.

Des épisodes marquants

La mémoire des habitants est marquée par les épisodes de pollution aux particules fines et à l’ozone. En mars 2014, Lyon avait connu un pic particulièrement long qui avait conduit à la mise en place de la circulation alternée. Plus récemment, en juillet 2019, la canicule avait amplifié la formation d’ozone, entraînant un dépassement des seuils sanitaires dans l’ensemble de l’agglomération. En janvier 2022, des concentrations élevées de particules fines ont conduit la préfecture à déclencher une alerte renforcée, avec des limitations de vitesse et des restrictions pour les poids lourds. Chaque hiver, les conditions météorologiques (inversions de température) piégeant les polluants dans la cuvette lyonnaise rappellent la vulnérabilité du territoire.

Les zones et populations les plus concernées

Lyon et son aire urbaine concentrent la majorité des épisodes critiques. Les quartiers proches des grands axes routiers (périphérique, autoroutes A6 et A7, boulevard Laurent-Bonnevay) sont particulièrement touchés. Les vallées encaissées du Rhône et de la Saône, comme à Givors, Tarare ou Neuville-sur-Saône, connaissent aussi des situations de stagnation de l’air. Les populations les plus sensibles sont les enfants, les personnes âgées, les femmes enceintes et celles souffrant de maladies respiratoires ou cardiaques. L’impact se fait sentir sur la santé avec des irritations, des crises d’asthme et une aggravation des pathologies chroniques.

Consignes de sécurité en cas de pic de pollution

La préfecture du Rhône et Atmo rappellent plusieurs recommandations simples :

  • éviter les activités physiques et sportives intenses en extérieur ;
  • privilégier les déplacements à pied, à vélo ou en transports en commun, plutôt qu’en voiture ;
  • respecter les limitations de vitesse imposées lors des pics ;
  • utiliser les dispositifs de covoiturage et les zones à faibles émissions dans l’agglomération lyonnaise ;
  • pour les personnes fragiles, consulter un médecin en cas de gêne respiratoire.

Des restrictions spécifiques peuvent être décidées, comme l’interdiction de brûlage à l’air libre, des réductions de vitesse obligatoires ou l’arrêt de certaines activités industrielles.

Vers une amélioration durable ?

Le Rhône est engagé dans une transition pour réduire les émissions : développement des transports en commun, déploiement progressif de la Zone à Faibles Émissions de Lyon, soutien à la mobilité électrique et au covoiturage, ainsi que des efforts industriels. Mais les épisodes de pollution rappellent que la vigilance reste nécessaire et que les changements d’habitudes doivent être collectifs. La mémoire des pics passés, associée aux dispositifs de surveillance et d’alerte, forge une conscience du risque indispensable pour améliorer durablement la qualité de l’air.