Une côte exposée à un risque lointain et local

Dans l’imaginaire collectif, le tsunami évoque souvent les côtes du Pacifique ou de l’océan Indien, loin des rivages méditerranéens. Pourtant, le département des Alpes-Maritimes, avec ses 120 km de côtes entre Menton et Théoule-sur-Mer, figure bien parmi les zones françaises surveillées pour ce risque. Ici, la menace peut venir de loin — un séisme majeur en Méditerranée orientale, par exemple — mais aussi d’événements locaux plus soudains, comme un glissement de terrain sous-marin.

L’histoire rappelle que la région n’est pas à l’abri. En 1979, l’effondrement d’une partie du remblai du port de Nice a provoqué un glissement sous-marin qui a généré une vague de plusieurs mètres, causant la mort de neuf personnes et des dégâts importants sur la promenade des Anglais et dans le port. Plus récemment, en 2020, des études scientifiques ont confirmé que certaines zones du littoral, notamment autour de Nice et de Villefranche-sur-Mer, présentent une sensibilité aux glissements sous-marins en cas de séisme.

Les organismes comme le CENALT (Centre d’Alerte aux Tsunamis) surveillent en permanence les fonds marins et les signaux sismiques pour alerter la préfecture et les communes. Le délai d’alerte varie : quelques dizaines de minutes pour un tsunami d’origine lointaine, mais parfois moins de 10 minutes pour un événement local, ce qui rend la préparation individuelle indispensable.

Des zones urbaines densément peuplées à protéger

Avec des villes comme Nice, Cannes, Antibes, Menton ou Cagnes-sur-Mer construites en bord de mer, le risque touche des zones à forte densité humaine et touristique. En pleine saison estivale, des dizaines de milliers de personnes se trouvent sur les plages, les ports et les promenades littorales. Cette concentration rend l’évacuation rapide plus complexe.

Des cartes de zones d’inondation potentielle par tsunami existent pour le littoral maralpin et sont intégrées dans les Plans Communaux de Sauvegarde (PCS). Elles identifient les secteurs les plus exposés, comme le Vieux-Port de Cannes, le quai des États-Unis à Nice ou le port de Menton. Les communes signalent également certains points hauts ou rues à rejoindre en cas d’alerte, bien que ces indications ne soient pas toujours connues du grand public.

Des exercices de simulation sont organisés ponctuellement, par exemple lors de campagnes internationales comme NEAMWave, afin de tester les chaînes d’alerte et la réactivité des services de secours. Mais la sensibilisation des habitants et des touristes reste un enjeu majeur.

Les réflexes à adopter en cas d’alerte tsunami

En cas d’alerte officielle ou de signes précurseurs (retrait brutal de la mer, grondement inhabituel, secousse sismique ressentie), il faut :

  • S’éloigner immédiatement du bord de mer, sans attendre d’instructions.
  • Rejoindre un point haut ou un étage élevé d’un bâtiment solide.
  • Ne pas prendre sa voiture si les routes sont encombrées, privilégier la marche.
  • Éviter les ponts et zones basses proches des embouchures de fleuves comme le Var ou la Siagne.
  • Ne pas revenir sur le littoral avant la levée officielle de l’alerte.
  • Se tenir informé via la radio, le site de la préfecture ou les systèmes d’alerte (FR-Alert, AlerteCata, etc.).

Anticiper pour réduire les conséquences

Les Alpes-Maritimes allient relief escarpé et urbanisation littorale, ce qui rend la gestion d’un tsunami particulièrement délicate. Les autorités départementales travaillent à renforcer la culture du risque : panneaux d’information sur certaines plages, diffusion de brochures multilingues, intégration du risque dans les plans d’urbanisme.

À terme, la connaissance du risque et la capacité de réaction rapide peuvent limiter les pertes humaines et matérielles. Car face à un tsunami d’origine locale, le temps d’alerte est si court que la survie dépend surtout des premiers réflexes. Dans un département où la mer fait partie de l’identité et de l’attractivité, la vigilance face à ce risque rare mais potentiellement dévastateur reste une priorité discrète, mais bien réelle.