Dans la nuit du 2 décembre 1959, un drame d’une ampleur inégalée frappe Fréjus. La rupture du barrage de Malpasset, un ouvrage de 60 mètres de haut conçu pour réguler le Reyran, provoque une vague dévastatrice. En seulement 21 minutes, la ville est submergée par un torrent d'eau et de boue, marquant à jamais les esprits.

Une catastrophe aux conséquences lourdes

Alors que le barrage entamait son tout premier remplissage, une lame d’eau de 50 millions de mètres cubes s’abat sur la vallée du Reyran. Le bilan humain est accablant : 421 vies perdues, 7 000 personnes sinistrées. Les dégâts matériels, eux, sont incommensurables. Routes, réseaux électriques, téléphoniques et ferroviaires sont détruits. La Nationale 7 et la voie ferrée, artères vitales de la région, disparaissent sur des centaines de mètres.

La vallée, jadis verdoyante, est défigurée. Sur cinq kilomètres, les terres agricoles et habitations sont balayées, laissant place à un paysage recouvert de 50 centimètres de boue. Fréjus se retrouve coupée du monde, plongée dans l'obscurité et la désolation.

Solidarité et reconstruction

Malgré l’absence de moyens de communication, l’élan de solidarité est immédiat. Les secours, coordonnés par la mairie, affrontent des conditions extrêmes pour venir en aide aux sinistrés. Des logements provisoires en préfabriqué émergent pour abriter les familles ayant tout perdu.

Les travaux pour rétablir les infrastructures débutent sans attendre. Routes et voies ferrées sont rétablies dès le 10 décembre, mais le retour à une vie normale prendra des mois. Grâce à l'aide de l'État et à la générosité des particuliers, plus de 100 millions de francs sont redistribués pour soutenir les victimes et reconstruire la ville.

Comprendre et prévenir

L’enquête révèle que la catastrophe est due à des déficiences dans les fondations du barrage. La géologie du sous-sol, marquée par une faille et des phénomènes méconnus à l’époque, a joué un rôle déterminant. Aucune faute directe n’a été retenue contre les constructeurs, mais cet événement a mis en lumière la nécessité d’études approfondies avant toute construction.

Pour éviter qu’un tel drame ne se reproduise, des mesures ont été prises à l’échelle nationale. Un « Comité technique permanent des Barrages » a été créé pour examiner les projets et surveiller les ouvrages de grande envergure.

 

La tragédie de Malpasset rappelle avec force que la nature, aussi précieuse soit-elle, peut devenir imprévisible. Elle souligne l'importance d'une vigilance constante et d'une collaboration entre experts pour bâtir des infrastructures sûres. Si ce drame appartient à l’histoire, ses enseignements restent, eux, intemporels.