Des épisodes successifs et parfois violents

Depuis 2021, la Guadeloupe a enchaîné quatre saisons cycloniques particulièrement actives. Sans forcément subir chaque année un ouragan majeur, l’archipel a été concerné de près par des tempêtes tropicales, des ondes actives et deux cyclones aux conséquences bien visibles. Pluies torrentielles, rafales destructrices, glissements de terrain et interruptions de réseaux ont ponctué ces quatre années, exigeant à chaque fois des interventions rapides et des remises en état parfois longues.

2021 : Grace effleure l’archipel, sans dégâts majeurs

La saison 2021 a vu se former 21 phénomènes tropicaux dans l’Atlantique, dont la tempête Grace, qui a longé la Guadeloupe le 14 août. En passant entre La Désirade et Grande-Terre, Grace a apporté des vents soutenus atteignant 70 à 90 km/h, ainsi que des pluies modérées, particulièrement sur le relief de Basse-Terre. Aucune inondation majeure ni coupure prolongée n’a été signalée. L’activité cyclonique autour de l’île est restée limitée le reste de la saison.

Plus au sud, plusieurs îles comme Sainte-Lucie et la Barbade ont connu un début de saison plus mouvementé, avec le passage de l’ouragan Elsa début juillet. Le phénomène avait causé des coupures d’électricité et des dégâts matériels. Plus tard, Grace — après avoir effleuré la Guadeloupe — a continué sa trajectoire vers le Mexique, atteignant la catégorie 3 et provoquant des inondations et des destructions dans le Yucatán.

2022 : Fiona provoque des inondations et un décès

Le 16 septembre 2022, Fiona a abordé l’archipel sous forme de tempête tropicale active. En quelques heures, l’est de la Basse-Terre et la Grande-Terre ont reçu des cumuls dépassant 200 mm localement, entraînant des crues soudaines, notamment à Goyave et Capesterre. Des routes ont été submergées, des habitations évacuées, et un homme a été emporté par les eaux à Basse-Terre. Des rafales de 100 à 120 km/h ont été mesurées dans plusieurs communes. Le système s’est éloigné rapidement en intensifiant ensuite au stade d’ouragan dans le nord des Caraïbes.

À mesure qu’elle progressait vers l’ouest, Fiona a fortement impacté Porto Rico et la République dominicaine, provoquant des inondations généralisées, des évacuations et d’importants dégâts aux réseaux électriques. Dans la seconde moitié de la saison, c’est l’ouragan Ian qui a retenu l’attention : d’abord au large des îles Caïmans, il a ensuite frappé la Floride de plein fouet, causant des pertes humaines et des dégâts matériels majeurs.

2023 : Philippe et Tammy enchaînent pluies extrêmes et vents violents

Deux épisodes ont marqué la saison 2023.

  • Philippe, début octobre, a généré des précipitations exceptionnelles sur le sud de Basse-Terre : 115 mm en une heure à Gourbeyre, près de 300 mm en 3 heures à Vieux-Fort. Les rues ont été transformées en torrents, et plusieurs écoles ont dû être fermées pour dégagement des axes et nettoyage des locaux.

  • Tammy, le 21 octobre, a longé la Guadeloupe sous forme d’ouragan de catégorie 2. La Désirade a enregistré des rafales proches de 160 km/h. Plusieurs glissements de terrain se sont produits à Saint-Claude et Matouba, tandis que le réseau EDF a subi de nombreuses coupures, particulièrement à Baie-Mahault et Sainte-Anne. Les ports sont restés fermés deux jours et plusieurs vols ont été annulés à Pôle Caraïbes.

Sur l’ensemble du bassin, la saison 2023 a été marquée par une forte activité, notamment dès le mois de juin avec la tempête tropicale Bret, qui a traversé l’arc antillais et causé des dégâts dans plusieurs îles du sud comme Saint-Vincent, la Martinique ou Sainte-Lucie. Des épisodes pluvieux répétés ont également fragilisé certaines zones montagneuses d’Haïti, déjà affectées par des risques de glissements de terrain récurrents.

2024 : Ernesto traverse l’archipel, suivi d’ondes très actives

La saison 2024 a été marquée par un passage direct : l’ouragan Ernesto a traversé l’archipel entre les 12 et 13 août, générant des vents atteignant 129 km/h à La Désirade, et provoquant des pluies intenses à Pointe-Noire, Petit-Bourg et Vieux-Habitants, où les cumuls ont dépassé 150 mm. Plusieurs axes ont été coupés, notamment la RN1 au niveau de Vernou, et la circulation a été perturbée pendant 48 heures. Aucune victime n’a été recensée.

Fin septembre, l’onde tropicale n°44 a généré un épisode électrique impressionnant avec plus de 500 impacts de foudre en 24 heures. Le sud de Basse-Terre et les Saintes ont reçu localement plus de 200 mm de pluie. Plusieurs éboulements ont été signalés à Trois-Rivières, et des interruptions temporaires ont affecté les lignes téléphoniques.

À l’échelle de la région, la saison 2024 s’est distinguée par plusieurs phénomènes puissants. L’ouragan Beryl, début juillet, est devenu le premier cyclone de catégorie 5 à se former aussi tôt dans la saison. Il a ravagé Carriacou et les Grenadines, puis traversé la mer des Caraïbes en direction de la Jamaïque, où il a causé d’importants dégâts. D’autres systèmes, comme Kirk ou Milton, ont également nécessité des alertes dans l’ensemble des Petites Antilles.

Quatre années cycloniques contrastées

Entre 2021 et 2024, la Guadeloupe a connu une variabilité marquée des effets cycloniques. Si 2021 a été relativement calme, 2022, 2023 et 2024 ont connu des impacts significatifs : des crues rapides, des vents dépassant les 120 km/h, des fermetures de route, des écoles paralysées, et des dommages localisés sur les réseaux. Les épisodes sont souvent venus tard dans la saison, entre septembre et octobre. Ces quatre années confirment que même sans impact direct d’ouragan majeur, les tempêtes tropicales et ondes actives peuvent suffire à perturber fortement la vie quotidienne en Guadeloupe.