Le climat change, et il ne s’agit plus seulement d’une préoccupation lointaine ou hypothétique. En France, les sécheresses s’intensifient, les inondations se multiplient, les canicules deviennent la norme estivale. Face à cette réalité, le gouvernement a présenté, lundi 10 mars 2025, le troisième plan national d’adaptation au changement climatique (PNACC), une feuille de route ambitieuse qui vise à préparer la France à un réchauffement pouvant atteindre +4°C d’ici 2100.

Si l’on parle souvent de la réduction des émissions de gaz à effet de serre pour limiter le réchauffement, ce plan aborde un autre défi : comment vivre dans un monde qui, quoi qu’il arrive, sera plus chaud, plus sec, plus instable ? À travers 52 mesures et plus de 200 actions concrètes, ce programme veut adapter nos territoires et nos infrastructures aux réalités climatiques qui se profilent.

Une adaptation pensée au niveau local

Ce nouveau plan marque une évolution majeure par rapport aux précédents en insistant sur la territorialisation de l’adaptation. Autrement dit, il ne s’agit plus d’une simple politique nationale descendante, mais d’une prise en compte des spécificités de chaque région. Un littoral breton menacé par l’érosion ne fait pas face aux mêmes défis qu’une vallée alpine exposée aux glissements de terrain ou qu’un vignoble languedocien confronté aux sécheresses à répétition.

Pour mieux ancrer l’adaptation dans les réalités locales, chaque préfecture accueillera un référent adaptation, chargé de coordonner les actions avec les collectivités, les entreprises et les habitants. De plus, la 2e édition des COP régionalesintègrera un volet spécifique à l’adaptation, favorisant ainsi une approche concertée et pragmatique.

Des financements renforcés pour passer à l’action

L’adaptation aux nouvelles conditions climatiques a un coût, et sans financements dédiés, les meilleures stratégies restent lettre morte. Le gouvernement prévoit donc un renforcement significatif des moyens financiers :

  • Fonds Barnier : 300 millions d’euros en 2025 (+75 millions par rapport à 2024), destiné à réduire les risques naturels (inondations, submersions marines, mouvements de terrain).
  • Fonds vert : 260 millions d’euros pour aider les collectivités à adapter leurs infrastructures.
  • Agences de l’eau : 1 milliard d’euros pour des projets d’adaptation, dont 40 % destinés aux solutions fondées sur la nature (préservation des zones humides, reforestation).
  • Prévention des sols argileux : 30 millions d’euros pour limiter les dégâts liés au retrait-gonflement des sols, qui fragilise de nombreuses habitations.

Ces investissements visent à accélérer la transformation du pays et à éviter de se retrouver dans une logique d’adaptation subie, où l’on répare en catastrophe plutôt que d’anticiper les chocs climatiques à venir.

Un plan encore en évolution

Ce PNACC est le fruit d’une concertation publique menée fin 2024, qui a permis d’ajuster certaines mesures. Parmi les évolutions notables, on trouve la rénovation thermique des logements en période estivale – un enjeu majeur alors que les vagues de chaleur sont de plus en plus fréquentes –, une meilleure implication du secteur bancaire pour soutenir la transition, et la mise en place d’une réserve citoyenne dédiée aux actions locales d’adaptation.

Un point clé reste encore à préciser : la valeur juridique de la trajectoire de réchauffement de référence (TRACC). L’objectif du gouvernement est de la rendre opposable aux décisions publiques et aux projets d’aménagement, afin que l’on ne construise plus comme si le climat de demain était identique à celui d’hier. Cette mesure pourrait avoir un impact majeur sur les politiques urbaines, les normes de construction ou encore l’aménagement du territoire.

S’adapter ou subir ?

Avec ce troisième plan national, la France prend acte d’une réalité : le climat va continuer de changer, et nous devons nous y préparer dès maintenant. Loin d’être un simple catalogue d’actions techniques, ce programme soulève une question de fond : voulons-nous subir les bouleversements climatiques ou les anticiper pour en limiter les effets ?

Les moyens financiers sont là, la prise en compte des territoires est renforcée, mais le succès de ce plan dépendra de son appropriation par l’ensemble des acteurs, des collectivités aux citoyens. À chacun d’intégrer cette nouvelle donne pour bâtir une société capable de faire face aux défis du climat de demain.

 

Télécharger le 3e Plan national d'adaptation au changement climatique publié le 10 mars 2025