Un effondrement annoncé, mais d’une ampleur inattendue
Le 28 mai 2025, à 15h24, le village alpin de Blatten, niché dans la vallée du Lötschental en Suisse, a été en grande partie enseveli sous des millions de mètres cubes de glace, de roche et de boue. L’effondrement massif du glacier du Birch, situé au-dessus du village, a déclenché une avalanche de débris qui a recouvert environ 90 % de la commune, détruisant habitations, infrastructures et paysages familiers.
Heureusement, les 300 habitants avaient été évacués dès le 19 mai, après que des signes de déstabilisation du glacier eurent été détectés. Malgré cette évacuation préventive, un homme de 64 ans est porté disparu, et les recherches ont été suspendues en raison de l’instabilité du terrain.
Un paysage transformé en quelques instants
Le glissement de terrain a déversé un volume estimé à 3 millions de mètres cubes de matériaux sur une zone de deux kilomètres de long, bloquant le lit de la rivière Lonza et formant un lac en amont. Cette accumulation d’eau a suscité des craintes de crues soudaines, entraînant l’évacuation partielle des villages voisins de Wiler et Kippel.
Les images satellites et les vidéos capturées par des drones montrent un paysage méconnaissable, où les toits des maisons ont disparu sous une épaisse couche de débris. Le maire de Blatten, Matthias Bellwald, a exprimé sa douleur : "Nous avons perdu notre village, mais pas notre cœur. Nous allons nous soutenir mutuellement et reconstruire."
Le rôle du changement climatique
Les experts s’accordent à dire que le réchauffement climatique a joué un rôle déterminant dans cette catastrophe. La fonte du pergélisol, ce sol gelé en permanence qui stabilise les montagnes, a affaibli les structures rocheuses, rendant les glaciers plus vulnérables aux effondrements. En Suisse, les glaciers ont perdu environ 10 % de leur volume entre 2022 et 2023, une perte sans précédent.
Le glacier du Birch, en particulier, avait montré des signes d’instabilité, avec une avancée inhabituelle de sa langue glaciaire due à l’accumulation de débris rocheux. Cette surcharge a accéléré son mouvement, culminant avec l’effondrement du 28 mai.
Une reconstruction incertaine, mais une solidarité intacte
Le village de Blatten, avec son église et ses maisons traditionnelles, est désormais en grande partie détruit. Les autorités suisses ont promis un soutien aux habitants déplacés, mais la reconstruction s’annonce longue et complexe. La priorité reste la sécurité, avec une surveillance accrue des zones instables et des mesures pour prévenir de nouvelles catastrophes.
Cette tragédie rappelle la fragilité des environnements de montagne face aux changements climatiques. Elle souligne l’importance de la vigilance, de la préparation et de la solidarité pour faire face à des événements de plus en plus fréquents et dévastateurs.
En France : des risques similaires sous surveillance
L’effondrement du glacier du Birch en Suisse résonne jusqu’en France, où plusieurs zones alpines sont également exposées à des risques glaciaires similaires. Le glacier de la Tête-Rousse, en Haute-Savoie, est l’un des plus surveillés au monde. En 1892, la rupture d’une poche d’eau sous ce glacier avait provoqué une catastrophe à Saint-Gervais-les-Bains, faisant 175 morts. Depuis, des capteurs ont été installés pour détecter toute accumulation d’eau, et des opérations de pompage sont régulièrement effectuées pour prévenir de nouveaux drames.
Selon une enquête du Dauphiné Libéré, environ 70 sites sont jugés sensibles dans les Alpes françaises, exposant près de 20 000 personnes aux dangers liés à la fonte des glaciers, tels que les effondrements ou la formation de poches d’eau. La vallée de Chamonix, avec le glacier de Taconnaz, est également sous haute surveillance en raison des risques d’éboulements.
Ces événements soulignent l’importance de la connaissance et de la surveillance des risques glaciaires en France. La mise en place de systèmes d’alerte, la cartographie des zones à risque et la sensibilisation des populations locales sont essentielles pour prévenir de telles catastrophes.