Le grondement est venu du nord du Pacifique. Le 30 juillet 2025, un séisme d’une magnitude exceptionnelle de 8,8 s’est produit au large du Kamtchatka, secouant la région de la mer de Béring. Rapidement, le Centre d’alerte aux tsunamis du Pacifique, basé à Hawaï, a diffusé un bulletin pour l’ensemble du bassin Pacifique. Parmi les territoires en vigilance, plusieurs îles françaises du Pacifique Sud se sont retrouvées directement concernées.
Une secousse brutale dans une zone sismique redoutée
L’épicentre du séisme a été localisé à environ 120 kilomètres à l’est des îles Kouriles, non loin de la péninsule du Kamtchatka, à faible profondeur. Il s’agit du séisme le plus fort enregistré dans cette région depuis celui de 1952, qui avait provoqué un tsunami meurtrier à Sévero-Kourilsk. Cette fois, les vagues ont atteint 3 à 5 mètres sur la côte orientale de ces îles russes. Des évacuations ont été organisées à Petropavlovsk-Kamtchatski, tandis que les infrastructures portuaires ont été partiellement inondées. Plus loin, des vagues de moindre intensité, entre 1 et 2 mètres, ont touché le Japon et Hawaï, sans causer de dégâts majeurs.
Marquises : alerte, évacuation et montée vers les hauteurs
En Polynésie française, le Haut-commissariat de la République et le Gouvernement de la Polynésie ont reçu l’alerte dans la nuit, relayée par le Service de la protection civile. Les habitants de Nuku Hiva, dans l’archipel des Marquises, ont été invités à quitter les zones côtières pour rejoindre les hauteurs. Les sirènes ont été déclenchées, et les radios locales ont diffusé des consignes de sécurité dès 22 h 30. L’arrivée des vagues était attendue avec une hauteur estimée jusqu’à 2,5 mètres. Finalement, l’impact observé a été inférieur à ces prévisions, avec un léger retrait de la mer puis une montée plus modérée que redoutée. Les écoles ont été fermées le lendemain matin à titre préventif, et la circulation a repris progressivement après la levée de la vigilance.
Nouvelle-Calédonie : suivi attentif mais pas d’alerte
En Nouvelle-Calédonie, la cellule de veille du Haut-Commissariat a suivi de près les bulletins du Centre d’alerte aux tsunamis du Pacifique. Les données disponibles indiquaient un risque faible, avec des vagues estimées entre 30 centimètres et 1 mètre. Aucun ordre d’évacuation n’a été transmis par la direction de la sécurité civile et de la gestion des risques (DSCGR), mais des messages de prudence ont été relayés sur les ondes et dans les ports. Les activités nautiques ont été temporairement suspendues dans certains secteurs, notamment dans le Grand Nouméa, par précaution. Aucun incident n’a été signalé sur l’ensemble du territoire.
Une mémoire réactivée dans l’océan Pacifique
À Tahiti, à Hiva Oa comme à Ouvéa, les générations se souviennent des alertes passées : celle de 2011 après le séisme de Tōhoku au Japon, ou encore celle de 2010 liée au tremblement de terre au Chili. Ces événements ont contribué à renforcer la vigilance collective. Dans les écoles, les élèves sont régulièrement formés à reconnaître les signes avant-coureurs d’un tsunami. L’alerte du 30 juillet a permis de tester, une fois encore, la coordination entre la direction de la protection civile, les mairies des archipels et les réseaux d'information locaux.
Une alerte bien coordonnée à l’échelle régionale
Le système d’alerte tsunami fonctionne en partenariat avec plusieurs centres régionaux. Dès les premières minutes, le Centre d’alerte de Hawaï a émis une notification, relayée par le Service météorologique de la Nouvelle-Zélande, puis par Météo-France Nouvelle-Calédonie. Ces bulletins ont été transmis en temps réel aux services de l’État dans le Pacifique, qui ont adapté les réponses selon les zones : déclenchement d’alerte, surveillance renforcée, diffusion de messages radios ou activation des sirènes. Dans les Marquises, la rapidité d’exécution a montré l’efficacité de la chaîne d’information, malgré l’éloignement des îles.
Maintenir la préparation dans la durée
Même si aucun dégât n’a été constaté sur les territoires français, cette alerte tsunami a rappelé à tous que l’océan Pacifique reste une zone à risque permanent. Le tremblement de terre, survenu dans une zone peu peuplée, aurait pu avoir des conséquences bien plus lourdes s’il avait touché une autre faille, plus proche des côtes. Pour les habitants des Marquises et de la Nouvelle-Calédonie, ces moments de mobilisation sont autant d’exercices en conditions réelles. Le défi, désormais, est de maintenir ce niveau de préparation tout au long de l’année, et de renforcer encore la culture du risque à l’échelle des familles, des écoles et des communes.