Une activité au-dessus de la moyenne annoncée

Cette année encore, tous les regards se tournent vers l’Atlantique. D’après les prévisions publiées par la NOAA (l'agence américaine d’observation océanique et atmosphérique), la saison cyclonique 2025 devrait être plus active que la normale. Entre 13 et 19 tempêtes nommées sont attendues, dont 6 à 10 pourraient se transformer en ouragans. Parmi elles, 3 à 5 pourraient devenir des ouragans majeurs, c’est-à-dire de catégorie 3 ou plus sur l’échelle de Saffir-Simpson.

Plusieurs facteurs expliquent cette prévision. Les températures de surface de la mer dans l’Atlantique tropical sont actuellement plus chaudes que la moyenne. Un autre paramètre important est la transition vers une phase La Niña, qui diminue le cisaillement des vents en altitude et crée un contexte plus favorable à la formation des cyclones. Ces conditions viennent s’ajouter à une mousson africaine dynamique, renforçant le potentiel de développement des systèmes cycloniques dans la région.

Des impacts loin d’être limités aux zones côtières

On pense souvent que les ouragans n’affectent que les littoraux, mais les événements récents rappellent que leurs conséquences peuvent s’étendre bien au-delà. En 2024, la tempête Beryl, par exemple, a causé des dégâts massifs dans les terres : inondations, glissements de terrain, tornades. Elle a engendré plus de 60 tornades entre le Texas et New York et provoqué des dizaines de milliards de dollars de pertes.

Au États-Unis, pour répondre à ces réalités, le National Hurricane Center a élargi son célèbre "cône de prévision" afin d'intégrer les risques dans l’arrière-pays. Ce changement vise à mieux anticiper les crues éclair et à encourager les populations de l’intérieur des terres à rester en alerte, et pas seulement celles vivant en bord de mer.

Nouvelles technologies et moyens renforcés

La NOAA a annoncé plusieurs améliorations techniques pour affiner ses prévisions. Le système Hurricane Analysis and Forecast System (HAFS) a été mis à jour afin d’augmenter la précision des trajectoires et de l’intensité des systèmes. Un nouveau radar embarqué à balayage électronique permet de mieux comprendre la structure des vents et l’état de la mer sous les ouragans. Enfin, un portail d’alerte hydrométéorologique permet de suivre en temps réel les risques de précipitations intenses sur les trois prochains jours.

Ces évolutions ne masquent pas les difficultés rencontrées depuis l'arrivée de l'administration Trump. Le Centre national des ouragans a récemment vu ses effectifs réduits, ce qui pourrait fragiliser la couverture opérationnelle en période de crise.

Focus sur les Antilles : mer chaude, attention redoublée

Pour la Guadeloupe, la Martinique, Saint-Martin et Saint-Barthélemy, les bulletins de Météo-France indiquent des conditions propices à une saison active. Les eaux de surface dans la zone Caraïbe-Antilles sont actuellement de 0,4 à 1,2 °C plus chaudes que la moyenne observée entre 1993 et 2016. Cette anomalie thermique augmente le risque de formation de systèmes intenses près de l’arc antillais.

À court terme, les prévisions mensuelles pour la période allant du 26 mai au 22 juin 2025 annoncent des cumuls de précipitations légèrement en dessous de la moyenne en Guadeloupe et dans les Îles du Nord. Les températures, elles, devraient rester proches ou légèrement supérieures aux normales saisonnières.

Cette situation n’implique pas un danger immédiat, mais elle appelle à une attention constante. Dans un contexte de saison chargée, même une seule trajectoire menaçante peut suffire à créer une crise. La mémoire collective conserve encore les traces de Hugo (1989), Lenny (1999) ou Irma et Maria (2017). Des épisodes marquants, qui rappellent à quel point les Antilles sont exposées à ce type de phénomène.

Une saison à suivre de près

La saison cyclonique s’étend officiellement du 1er juin au 30 novembre. Elle mobilise chaque année un large éventail d’acteurs : services météorologiques, collectivités, citoyens. Les dernières innovations en matière de prévision permettent aujourd’hui d’anticiper avec plus de finesse, mais l’incertitude reste une composante du risque cyclonique.

Ce que l’on peut faire, c’est rester attentif à l’évolution des systèmes, connaître les consignes de sécurité, et se préparer collectivement pour réduire les effets d’un éventuel impact. La saison 2025 ne fait que commencer, mais tout porte à croire qu’elle laissera sa marque dans les statistiques climatiques — à nous d’éviter qu’elle le fasse aussi dans les bilans humains.