Les changements climatiques et leurs conséquences dramatiques ont une nouvelle fois bouleversé l’Espagne fin octobre, où des inondations exceptionnelles ont ravagé le sud-est du pays, laissant derrière elles un lourd bilan humain et des populations en colère. Au cours de la nuit du 29 au 30 octobre, des pluies diluviennes équivalant à une année entière de précipitations se sont abattues sur la région de Valence. Le déluge, qui s’est rapidement transformé en torrents de boue, a dévasté les villes et villages sur son passage, causant au moins 220 morts et des centaines de disparus encore aujourd’hui. En quelques heures, la vie de milliers de familles espagnoles a basculé dans la tragédie.
Alors que les premiers bilans humains sont confirmés et que les volontaires s’activent pour déblayer les rues couvertes de boue, la colère gronde en Espagne. De nombreux habitants reprochent aux autorités d’avoir tardé à donner l’alerte.
L'Agence météorologique espagnole (Aemet), sous pression pour ses prévisions et la gestion des alertes, a émis plusieurs avis de vigilance dans les jours qui ont suivi, alternant entre des alertes rouges et oranges en fonction des prévisions de fortes pluies. Mais pour les Espagnols, le mal est fait : une marée humaine de 130 000 personnes a exprimé sa colère en se rassemblant dans les rues de Valence, clamant la responsabilité des pouvoirs publics dans cette catastrophe.
Sur le terrain, la situation reste chaotique, même deux semaines après les inondations meurtrières. Dans les zones sinistrées, l’odeur de décomposition des matières organiques stagnantes – comparée par certains à celle « d’œufs pourris » – envahit l’air, créant une ambiance d’autant plus pesante.
La situation sanitaire est particulièrement préoccupante. Avec l’apparition de cas de gastro-entérite dans les zones inondées, la ministre de la Santé espagnole a admis l’existence de risques liés à la stagnation des eaux, évoquant des pathogènes potentiellement responsables de troubles gastro-intestinaux et de pneumonies. Les autorités sanitaires redoublent de vigilance, mais la défiance vis-à-vis des responsables politiques ne cesse de croître.
Cette catastrophe révèle à quel point le dérèglement climatique n’épargne aucun pays. Alors que l’Espagne se relève avec difficulté de ces événements extrêmes, les Européens s’interrogent : sommes-nous suffisamment préparés face aux risques climatiques croissants ? À l'heure où l’Europe intensifie ses efforts pour prévenir et atténuer les effets des changements climatiques, ces inondations meurtrières rappellent l’urgence d’actions concrètes et rapides pour renforcer les systèmes d’alerte, adapter les infrastructures, et sensibiliser les populations aux dangers potentiels. Le climat change, et avec lui, les risques augmentent pour des millions d’Européens.